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Interview

« Né dans un pays en guerre civile. »

25 Mai 2008

Une interview de Francis Zamponi par Paul Coudsi
(Partie 1)


PC : Quand vous présentez votre biographie - et vous le faites de manière lapidaire, comme pour un procès verbal - vous avancez immédiatement votre lieu de naissance, Constantine, en Algérie, la date de naissance – 1947 - votre père policier corse et votre mère institutrice pied noir.
Si on regarde la liste de vos ouvrages, ces « événements fondateurs » semblent ne pas vous avoir quitté. Mieux, tout se passe comme si, au fil d’une vie déjà bien remplie de journaliste et d’écrivain, vous multipliez les signes d’appartenance à ce passé, à cette naissance. Est-ce cette adhésion pleine et entière à votre passé, à vos « racines « de « déraciné « qui vous donne cette tranquillité pour dévoiler simplement ces événements que certains préféreraient garder à l’ombre ?



Photo : le Maréchal Juin à Constantine en 1955.
Au premier plan : Francis Zamponi à 8 ans


FZ :
J’ai occulté l’Algérie à la rentrée universitaire de 1966 lorsque je me suis installé dans une chambre de la cité universitaire de Nanterre où j’étais inscrit en sociologie. L’actualité politique, (agitation dans la cité universitaire qui jouxtait un des plus grands bidonvilles de France, la lutte contre la guerre du Vietnam, le militantisme dans le groupe libertaire Noir et Rouge où il était beaucoup questions de la guerre d’Espagne et de la lutte antifranquiste) et, accessoirement, la fréquentation des amphithéâtres ont rapidement remplacé dans mes préoccupations le souvenir des « événements de là-bas ».


Photo : Gérard Aimé
« Sur cette photo de mai 68 à Nanterre je figure – à droite - en pull over rayé tricoté par ma maman à la tribune et levant le poing (sans doute en chantant l'internationale) »


Mon identité est devenue celle d’un étudiant libertaire et je ne crois pas avoir jamais parlé de mes origines avec mes camarades.rnLa Corse a fait irruption dans mes préoccupations dix ans plus tard alors que j’étais devenu premier assistant réalisateur. Avec mon frère cadet Jean-Rémy, nous avons obtenu du Centre national du cinéma une aide qui nous a permis d’écrire un scénario de film de long métrage : I Giovannali.rnrnIl s’agissait de l’histoire d’un mouvement politico-religieux né au XIVéme siècle dans le village de Carbini au sud de l’île. Baptisés hérétiques par l’église catholique, les Giovannali furent détruits par une mini croisade.


Photo : Gérard Aimé

Pour nous documenter, nous avons beaucoup lu, effectué des séjours en Corse et même suivi des cours de la lingua nustrale à Paris. C’est sans doute ces activités qui m’ont valu d’être fiché par les RG comme militant nationaliste corse et de recevoir une lettre de menace émanant du groupe clandestin « antiterroriste » Francia. J’avais donc presque involontairement acquis une identité corse.

Avec l’Algérie, mes rapports ont été longtemps épisodiques avant d’acquérir l’importance qu’ils ont aujourd’hui. Alors que mon frère y était fréquemment retourné, je n’ai remis les pieds sur ma terre natale qu’en 1993 et encore ne me suis-je rendu que dans le sud, Ghardaïa et Timimoun. J’avais auparavant eu quelques velléités de voyage journalistique mais, à chaque fois, je m’étais trouvé une bonne raison pour annuler mon déplacement…

Je ne suis revenu à Sétif où s’était déroulé une partie de mon enfance qu’en 2006 pour assister au tournage du film adapté de mon roman « Mon colonel ».
Cet éloignement géographique ne m’empêche pas de lire tout ce qui me tombe sous la main concernant ce pays et de quelque fois rêver qu’il me serait possible de m’y réinstaller.


Fin novembre 1956, Sétif.
De gauche à droite sur la photo :
- Le préfet Arzelrn
- Robert Lacoste Ministre Résident en Algérie du gouvernement Guy Molletrn
- Maurice Papon (Inspecteur général de l’administration en mission extraordinaire)
- Joseph Zamponi, le père de l’auteur, alors officier des Renseignement généraux


Quand à mon goût pour la face cachée de l’actualité, je ne puis qu’en rejeter la responsabilité sur mon père pour qui la phase la plus marquante de sa vie professionnelle a certainement été son activité au sein des RG. Le faire-part de ma naissance, paru dans la Dépêche de Constantine le 10 avril 1947, précise uniquement que je suis né à la clinique Biancardini (un médecin corse) d’un père « commissaire de la Police des Renseignements généraux ».

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PC : Vous aviez 7 ans quand la guerre d’Algérie a commencé et 15 ans quand l’indépendance a été proclamée. On l’a vu, cette période a beaucoup nourri vos écrits, mais à travers des personnages qui auraient été pour la plupart adultes quand vous étiez enfant, ou avant même votre naissance. Que pourriez vous dire de l’enfant que vous étiez, de son regard sur cet environnement qui nous parait chaotique vu d’aujourd’hui ?

FZ :
Je ne serais évidemment pas le même si je n'avais pas vécu les premières années de la guerre d'Algérie dans le commissariat de police de Sétif. Parmi le mobilier qui entourait mon enfance, je me souviens surtout de la caisse de grenades quadrillées, qui trônait sur le palier de notre logement familial, au premier étage du commissariat.


L'acte de naissance de Francis Zamponi

Jusqu'à l'installation de ma famille dans la banlieue parisienne, je croyais que le monde entier vivait au rythme du terrorisme avec son lot quotidien d'attentats et de morts. Par exemple, j'ai été surpris en arrivant à Paris de voir qu’on pouvait entrer dans un cinéma sans se faire fouiller et que lorsqu'on entendait un bruit on ne pensait pas automatiquement à l'explosion d'une bombe.rnJ'imagine que c'est le lot de tous les enfants qui sont nés dans un pays en guerre civile.

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PC : Y a-t-il d’autres événements, lieux, périodes qui, en dehors de ces thèmes fondateurs, vous ont influencé dans votre vécu.

FZ :
Je ne peux pas dissimuler que mes activités, licites et illicites, à Nanterre dans le mouvement du 22 mars puis pendant les années qui ont suivi, en particulier au sein d’une « communauté » dans les Cévennes m’aient laissé des souvenirs marquants. Mais, contrairement à l’Algérie, ces épisodes ne m’ont pas, pour le moment du moins, poussé à y trouver la trame d’un livre. Je n’ai lu aucun des ouvrages parus cette année à l’occasion du quarantième anniversaire de mai 68 et je me suis bien gardé de faire partager mes souvenirs de cette période.


Campus de Nanterre, no mand land entre le chantier du campus et le seul café des environs. Des étudiants en reviennent. De gauche a droite : Dominique PRUDHOMME, TALILA, Florence PRUDHOMME, Francis ZAMPONI, Daniel COHN-BENDIT
Commentaire de FZ : « Une des rares photos couleurs de Nanterre. Le mec qui cache le rouquin Dany Cohn Bendit, c'est moi en personne. »
© Gérard-Aimé


Fin de la première partie

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